Hier soir, à Siirt, enfin a minuit, encore une visite de keufs. Beaucoup moins de classe qu’à Silvan. Un peu gênés par la détente qui les oblige à « accueillir » obligemment des touristes qu’ils ont l’intention de fliquer tout le long de leur séjour. Comme on les avait involontairement semés dans la ville en disparaissant trois heures dans un Internet Café, ils nous bombardent de questions aussi idiotes les unes que les autres. C’est finalement plus tendu qu’à Cizre, où si on ne sortait pas du rôle touriste, les services nous fichaient la paix. Là ils font flicards malveillants et franchement débiles : se mettre à 5 pour éplucher ma carte d’identité… Après en avoir fait une photocopie eux-mêmes, ils ont tous vérifié qu’elle était bien conforme à l’original… je me demande quel concours il faut passer pour être de la police de Siirt. On m’a même demandé si nous avions été au restaurant seulement pour manger. Là je n’ai pas pu me retenir de rire : Oui, et pourquoi d’autre, sinon ?
Et depuis ce matin ils n’ont cessé de nous filer bêtement : à la pasta, à la mosquée, aux otogars, aux contrôles, jusqu’à ce qu’ils soient sûrs qu’on aient quitté la région de Siirt je suppose। Quand je dis bêtement c’est que leur méthode était idiote, à se cacher sans se cacher. Soit on vous file ouvertement (pour la pression psychologique) soit on se dissimule pour apprendre des choses. Là ils étaient tellement mauvais qu’on les semait sans peine pour finir par les attendre en nous marrant. A quatre, pas à dire, ils sont doués…
Siirt est de toutes façons une ville assez nulle। D’abord on y mange mal, c’est un signe. Et qu’on ne vienne pas venir me pleurnicher la guerre, la pauvreté, gna gna gna… A Silvan c’était idem et on mange bien. C’est une question d’état d’esprit, ou de savoir-vivre. A Sivas c’était aussi médiocre, triste, cher (cela va souvent ensemble). Mais le minaret de l’Ulu Camii (1129, époque seldjoukide) est joli avec son décor de carreaux turquoise sur briques. Et bien restauré pour une fois.