Ombres et roses avertissement
Sur le bleu des larmes éprises
Le calme chinois des montagnes
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Depuis deux jours, repos dans l’hôtel Selçuklu. On ne fait rien que faire un tour le matin et l’après-midi, à l’ombre de la terrasse qui donne sur le lac, à boire des nescafés avec le gosse de l’hôtel sur les genoux. Ici ils doivent s’étonner de ces touristes qui ne fichent rien, ne se baignent même pas, restent très correctement vêtues, ni short ni maillots. Tout cela fait très villégiature à l’ancienne mais cette pause est nécessaire : conseil de guerre, écrits, réflexion sur la marche à suivre et certaines taches plus prosaïques telle qu’une bonne lessive. Et avant tout profiter de la merveilleuse vue de ce lac que je ne me lasse pas de regarder toute la journée. Il change de couleur au moins cinq fois par jour.
La Turquie est de plus en plus mûre pour la démocracie : qund un serveur a décidé de vous offrir un thé il vous le donne d’un air menaçant et il n’y a absolument rien a dire.
Ahlat Ancienne capitale mongole, où l’on battait monnaie pour tout l’empire d’Iran. La moitié de la vieille ville a disparu sous le lac. Beaucoup de tombeaux mongols et postérieurs, très iraniens. Les Kurdes parlent kurde. Il y a beaucoup de têtes rondes et de yeux très bleus. Le chauffeur passe des cassettes kurdes, dont une chanson sur Mercan. Mon keffieh a été là aussi très favorablement accueillie par de jeunes patriotes.
Hier soir en sortant de l’internet café un type nous suit, bientot rejoint par un copain… pour nous raccompagner et nous remettre aux bons soins de la réception (de quoi je me mele ?) ! Ils sont tellement habitués a prendre les femmes en charge, qu’il leur semble inconcevable qu’on puisse se balader seule। D’ailleurs, de toute la journée on n’en a croisé que 2 dans le bas de la ville : elle préferent rester entre elles bien a l’abri de leurs maisons de la ville haute ; Bitlis est pourtant tres loin d’etre un coupe-gorge.
Ensuite grande balade dans la vieille ville qui garde de beaux restes : beaucoup de photos en essayant de planquer les constructions récentes mais délabrées qui gachent le paysage। Les Kurdes sont toujours sidérés de nous voir passer et nous interpellent la plupart du temps en kurde : le kurmandji est parlé partout ici, contrairement aux allégations d’un certain parti qui a imposé le turc comme langue de travail… bien la peine de pleurnicher sur la langue qui ne se perd que dans l’imagination d’une diaspora geigniarde !
Journée tranquille à Bitlis, après toutes ces péripéties। On est assez surpris de nous voir, mais on nous fiche la paix. Ici, on se sent plus en Arménie qu’au Kurdistan. C’est d’ailleurs facile de distinguer la frontière. Il paraît que pour tracer celle entre le Kurdistan et l’Arabistan il suffit de faire marcher un chameau vers les montagnes jusqu’à ce qu’il refuse d’aller plus loin : là commence le pays kurde. Pour l’Arménie, ce sont les premiers bouleaux qui l’annoncent. Et à Bitlis, les bouleaux, les maisons et les toits côniques des turbehs et des mosquées annoncent déjà Van et Erzouroum.
Ce matin, petit dej dans une pastane (on a loupé celui de l’hotel qui ne sert que jusqu’a 9 h 30)। Les petits pains étant préfabriqués et le nescafé inexistant, on ne traine pas. En sortant, l’un des abrutis d’hier est devant la boutique et nous suit jusqu’a l’hotel. Ils se relaient a 4 pour nous pister jusqu’a l’ulu camii : vraiment pas doués. On s’amuse a les semer et a les attendre pour les surprendre (sont surpris mais mauvais joueurs) : ils peuvent prétendre sans probleme a la palme des keufs les plus cons du Sud-Est. En plus, ils ont l’air d’etre vexés et de nous en vouloir ! Ils vont meme jusqu’a nous faire pister par les keufs et les militaires des différents controles jusqu’a la sortie du district (a Baykan, un keuf arrete le dolmus pour savoir si on est bien dedans) !!!
Dolmus jusqu’a Ziyaret (2 millions), puis pour Bitlis (2,5 millions) : 2 h 30, controles, changement de dolmus et arret thé compris. La route a l’approche de Bitlis (512 000 habitants prétend le panneau) est aussi jolie que dans mes souvenirs : j’espere pouvoir la photographier cette fois-ci.