CDG – Erbil

Queue à l’enregistrement, mais je passe la première, étant l’une des rares passagères à savoir que les bornes voyantes de Lufthansa,  c’est pas juste pour faire joli, ça sert aussi à retirer ses cartes d’embarquement.

La préposée derrière le comptoir ne sait pas si elle peut enregistrer mes bagages, mais ne croit pas, faut attendre sa responsable qui n’a pas plus entendu parler du Kurdistan, et m’explique qu’il faut un visa pour l’Irak.

Dialogue de sourdes :

– «Le Kurdistan n’est pas l’Irak, on peut obtenir un visa sur place.»

– «Ce n’est pas en Irak ?»

– « Si, mais ce n’est pas l’Irak.»

Elles consultent leur manuel sur écran : effectivement, c’est visa OU sur place.  J’insiste sur le OU dont l’interprétation leur pose problème, passeport et ses multiples tampons kurdes à l’appui… Putain, c’est pas du juridique là, c’est du français ! Et franchement, les cours niveau primaire à 4 h 30 du mat…

Veulent savoir si après Erbil je compte aller ailleurs : non mais, de quoi je me mêle ? En quoi une employée d’ADP ou de Lufthansa  a autorité pour délivrer des permis de séjour dans un pays étranger ??? Je suis en règle pour sortir de France, après c’est mon problème et celui du pays où je me rends, mais pas celui de la France et encore moins celui d’un employé d’une société commerciale ! Je me retiens pour ne pas leur voler dans les plumes et leur jure que l’Irak, non, très peu pour moi, hein ma brave dame, avec tout ce qu’on entend à la télé…

Elles consentent enfin à prendre le OU pour ce qu’il est, mais c’est limite. La prochaine fois, je demande un papier du GRK… en sorani !

Eau à CDG : 2,20 € les 50 cl. 1 € de plus à Francfort : bonjour l’arnaque !

J’ai largement le temps de faire une pause dans le local fumeurs, assez grand et confortable pour une fois, et contrairement aux escales viennoises, ici, je reste dans la zone de transit et ils ne contrôlent que les passeports, ce qui m’évite la galère d’avoir à re-ranger tout le matériel photo.

10 mn de retard à l’arrivée, mais passage ultra rapide de la douane, et ils ne scannent plus les empreintes digitales.

Change et bureau d’information touristique toujours fermés, et le distributeur automatique recrache dédaigneusement ma carte en me demandant de contacter ma banque : mais pourquoi ai-je eu la brillante idée de changer mes dinars en Turquie la dernière fois ?

Le taxi ne veut pas perdre de temps dans les embouteillages à chercher un bureau de change et prétend qu’il n’y a aucun problème à s’arranger avec l’hôtel : parfaitement exact ! Je suis accueillie plus que cordialement à l’Almas où le réceptionniste paie directement le chauffeur qu’il s’empresse de dégager.

A part les jeunes Yézidis qui travaillaient ici pendant leurs vacances, l’équipe est au complet. Le prix de la chambre a baissé : 65000 dinars, soit environ 40 €, ce qui est très correct pour Erbil.

Exposition de peinture - Erbil

Exposition de peinture – Erbil

La nouvelle place au pied de la citadelle est une vraie réussite avec sa végétation et ses jets d’eau. Des petits commerces et des artisans se sont installés autour, et l’ambiance y est super agréable, à la fois animée et nonchalante.  J’en profite pour prendre un bain de Kurdes, même si je ne passe pas inaperçue : en fait, je suis l’attraction de la soirée… ce qui n’empêche pas un crétin de me proposer de le suivre : pas 10 mn que je suis là !

Change au bazar : 160.000 dinars pour 100 €, et coup de fil à Shivan pour lui confirmer que je suis bien arrivée. Ça tombe bien, il vient demain à Erbil pour régler son problème d’équivalence de diplôme au Ministère de l’éducation. On rentrera ensemble à Duhok avec l’un de ses amis qui est aussi à Erbil.

Coup de fil d’un numéro non identifié par mon portable 5 mn après : c’est l’ami qui veut que je le contacte si j’ai besoin de quoique ce soit, d’aide par exemple. Je le connais, on s’est déjà vu : il attend visiblement que je me souvienne de son prénom, mais la dernière fois, j’ai juste rencontré quelques centaines de Yézidis. Parait que j’ai envoyé sa photo… ouais, j’en ai envoyé plein des photos !

Seul indice, il parle anglais. Ce n’est pas Luqman, il m’aurait appelée Kéni, ni Yusif qui aurait dit «my friend », Hassan aurait bougonné que je devais venir tout de suite à la maison… Vu que ça a l’air important, je pioche au pif l’un des premiers prénoms qui me reviennent : Rezan. Gagné ! J’ai passé le test avec succès (et surtout beaucoup de bol), mais si ça peut leur faire plaisir que je les reconnaisse immédiatement au téléphone…

Pas dormi la nuit dernière, je suis complètement naze à 8 h du soir, mais impossible de dormir…

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