refuge des arbres dans la ville ensommeillée
Le cahier du voyage se gonfle de mots et de rêves
mes ombres mes lumières mes encres
le souci et la tendresse de toi comme anges gardiens
L’oubli de toi ? Non la feinte comme saveur
Les nomades d’amours perdus conquis a revenir
ont les poches bien remplies
et si d’aventure nous revenons
Les yeux grands ouverts sur le destin
il faut savoir que l’âme et le corps n’ont qu’un temps.
C’est que ce matin je n’ai pas pu me retenir en écoutant les propos hautement philosophiques de nos compagnons de voyage. Il faut dire que dans la région de Kâhta toute la vie paysanne a été préservée. Ce sont de purs Kurdes, des gundî pur jus, s’appelant entre eux « bavê me » « Shêxê me », etc . Bref dans le premier dolmush l’un d’eux souffle, s’évente et lâche :– Welah… Îro germ e.
Silence. Le temps de digérer la nouvelle sans doute. Puis le chauffeur met son grain de sel :
– Bi rastî, germ e.
-…..
Puis :
– Lê çima germ e ?
– Çima, çima ? Nezanim !
Là je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire. Plutôt interloqué, le chauffeur prend à témoin ses passagers : « Vê yabanci… çima dikene ? » Et là il se tourne vers moi hilare : « Çima tu dikenî ? » Je réponds : « Çima, çima germ e ? »
Là il semble méditer quelques temps tandis que l’équipage retient son souffle. Puis, l’illumination.
– Aaaa… temaaammm… tu me fehm dikî…. Aaaa…
Re-crise de fou-rire. Là tout le monde rit aussi, content d’avoir compris. Puis de nouveau, un éclair :
– Lê… Tu tirkî zani ?
– Nezanim.
– Yaaa….. Il en tape dans ses mains de joie en se tournant vers les autres, ce qui m’inquiete un peu parce que tout de même c’est lui qui conduit. « Ew kurmancî zane lê tirkî nezane. Bash e, bash e !