Cizre

Visite à Mem et Zin ce matin. Et une surprise : ils ont enlevé la stèle sur la tombe de Beko. Maintenant il n’y a plus que le cénotaphe, nu, un bloc de ciment gris, devant la tombe des amoureux. Ainsi le nom de Beko ne se dresse plus devant Mem et Zin, les menaçant pour l’éternité. Voudrait-on ici un monde où la rose serait sans épines, le trésor sans serpent, les amoureux sans envieux ? J’ai posé ma main sur la tête de Mem. La pierre était fraiche sous la peinture verte dont on les a badigonnés et qui s’écaille. Par contre ils ont enlevé aussi l’espèce de coffre au pied de la tombe et c’est mieux, plus dégagé. Si dans les mosquées et autres lieux d’islam je me sens comme en visite, masa’i, fileh, acnabi, bêgani, tout ce qu’ils veulent, ici je me sens chez moi, de plein droit. Les Kurdes autour ne s’y trompaient pas qui se sont tus à notre arrivée et se sont poussés respectueusement pour nous laisser la place. Ils devaient sentir qu’il se passait quelque chose.

 

 

Nous nous sommes rendues ensuite chez Cheikh Ahmed Ciziri, comme ils l’appellent. Plusieurs tombes autour. La sienne est recouvert d’un déplaisant tissu vert et or, représentant des sourates et la Kaaba. Je préfere le dépouillement des trois autres. Il est vrai qu’à lui je m’avais pas grand-chose a dire. Sauf de venir me souffler, quelquefois, l’énigme alambiquée de ses distiques…

 

J’ai aussi appris qu’al-Jazari l’ingénieur était aussi enterré dans sa ville natale, dans la mosquée de Noé…
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