Van/Batman : 6 h, 3 millions de plus que dans l’autre sens avec la même compagnie ! Ce matin, je suis d’excellente humeur : bien dormi, il fait beau et le serveur vient de m’apporter une rose alors qu’il n’y a aucune fleur en vue dans le kavalti salonu : ça vaut bien un deuxieme kaymak !
Le car de 7 h 30 arrive à 8 h 45, mais je suis mieux placée que la derniere fois, juste devant, ce qui permet de profiter du paysage et de rager qu’une fois de plus, je ne pourrai pas photographier la route de Bitlis.
Arrivée à Batman, j’appelle Nesrin : Selim va râler, mais je n’ai pas la moindre envie de dormir chez lui et d’avoir Gracieuse plusieurs fois par jour dans mon champ de vision. Nesrin m’appelle plusieurs fois en cours de route pour être sure que je ne vais pas partir sans l’attendre. En fait, c’est une Kurde de Syrie (pas Bulgare, juste un probleme de traduction) et elle est ravie que j’ai accepté son invitation : 1) Elle me pique à Selim 2) Elle n’a pas d’amies ici. Elle est mariée (2 enfants), mais son mari vit à Ankara le temps de régler des problèmes administratifs qui l’empêchent d’exercer son métier de médecin (il est obligé de repasser des examens).
Comme elle est jolie, intelligente, qu’elle a un métier et est indépendante, c’est le bouc émissaire des « bien-pensantes » dont elle subit en permanence la jalousie. Circonstance aggravante, elle ne bave pas devant Le Soleil de l’humanité, ce qui est inadmissible pour la meute !
Ce soir, réception en plein air pour l’inauguration du festival : ces hypocrites ne servent que du coca ! Toutes les nanas sont hyper « chic » et maquillées comme des sapins de Noël : avec mon jeans/tennis, je ne passe pas inaperçue !
Au programme, une soliste et un pianiste arméniens (Diana Vekil et Satenik Muradyan) dont tout le monde se contrefout et qui sont là pour le décorum, chacun étant venu pour Se montrer.
Hüseyin Kalkan, maire de Batman qui marche au cirage de pompes d’après ses administrés, parade aux côtés du préfet (parait que l’équipe s’entend parfaitement pour magouiller d’après la même source) et est aux anges de saluer une photographe française : Batman internationale, la je ricane ! Avec le président du DEHAP (Tuncay Bakirhan rien dans le ciboulot dixit mes sources d’information), ils font la paire : vont avoir l’air malin en réunion à pavoiser que Paris est venu les photographier… Quoi ? Quel OFK ???
L’ancien maire qui est venu faire un tour a l’air très sympa et nettement moins crétin que les pantins de service : ça ne m’étonnerait pas que lui ait fait la relation, vu sa (longue) poignée de main chaleureuse et son regard insistant, amusé et complice…
Un Kurde d’Irak me fourre d’office sa carte de visite dans la main. Il tient à ce qu’on déjeune ensemble et veut que je vienne photographier chez lui. Promis, on s’appelle. Le Kurdistan c’est en projet et en lisant sa carte, le contact peut toujours servir : c’est le maire de Duhok…
Au détour d’une allée, un Kurde ravi de me revoir me sert la main vigoureusement : Kikseksa ??? Paris, 1997… j’essaie de me souvenir, mais tout bien réfléchi je ne savais pas que nous connaissions le fils de Musa Anter (après vérif, Sandrine non plus) !
L’assistant du maire de Batman est un crétin (normal) agressif (ça c’est nouveau). Il me reproche que les Européens ne suivent plus aveuglément le PKK : j’essaie de prendre un air compatissant, mais je ne peux m’empêcher de me marrer. On le savait déjà, mais si c’est eux qui le disent…
Ca va faire plaisir à plus d’un Kurde qui subissent toujours et qui sont franchement écœurés de voir le parti collaborer sur le terrain pour assurer ses trafics en toute impunité. Les mêmes, n’aillant pas peur du ridicule, n’hésitent pas à reprocher à d’anciens prisonniers politiques d’avoir l’audace d’être toujours en vie !
Là où j’éclate carrément de rire, c’est quand Duroquet tient à me rassurer : il ne peut pas saquer les Européens qui ne marchent plus dans la combine, mais moi je n’y suis absolument pour rien et ça ne s’applique surtout pas à moi ! J’aurais adoré voir sa tête quand on lui a expliqué (c’est fait) qui était la gentille photographe qu’il ne fallait pas mettre dans le même sac que les autres !