Internet rame : ici, ils ne sont pas cablés et les temps d attente sont interminables. En plus, je tombe toujours sur des PC auxquels il manque des touches. Aujourd hui, il en manque 2 dont la touche entrée et il y en a plusieurs qui ne fonctionnent pas, dont les parentheses et l apostrophe : vous completerez… Comme si ce n était pas suffisant, depuis quelques jours, BLOGGER passe les posts quand il a le temps… Au finish, pour consulter nos messageries, regarder les news sur Yahoo et taper quelques lignes, c est presque 2 heures par jour. Un point positif quand meme, ce nest pas cher : 1 million tl l heure.
Comme Sandrine – qui arrive elle a passer ses posts – vous a parlé du dew ou ayran en turc, je vous donne la recette, hyper simple et rafraichissant quand on aime le yaourt – moi j aime pas – : mélanger du yaourt et de l eau – approximativement en meme quantité : c est selon les gouts – mettre un peu de sel et servir frais. Variante afghane : rajouter de la menthe fraiche.
A part ça, hier soir, il y a eu un feu d artifice a Mardin et une bagarre, on ne sait pas en quel honneur, mais on a assisté aux 2 spectacles de la terrasse de l hotel… et enfin récupéré les fringues qu on avait données a laver et qui ont fait un circuit assez bizarre : 10 millions tl pour 2 jeans et 4 chemisettes, c est cher pour le pays, mais on est dans un hotel tres touristique.
De Mardin nous avons repris un dolmush pour Midyat où nous sommes actuellement. La vieille ville fait beaucoup penser à Mardin du temps où Mardin valait le coup d’oeil. Par contre, comme à Mardin, ses habitants semblent un peu neuneu. Que ce soit dans toutes les langues, en kurde, en turc, en anglais, en allemand, on a un mal fou à se faire comprendre quand on demande des choses aussi simples qu’un taxi, un hôtel, une station de dolmush. Déjà à l’hôtel Bilen, alors que je demandais où prendre le bus pour Midyat, la réceptionniste m’a apportée une carte, toute contente de m’indiquer par où nous devions marcher pour gagner Midyat (entre 55-60 km tout de même). A pieds bien sûr… Je me demande si c’est l’assimilation qui les rend de plus en plus semblables aux Turcs. Pas méchants, plutôt serviables, mais complètement bouchés. Une idée à la fois et de préférence qui ne sort pas trop de l’ordinaire.
Demain nous visitons la vieille ville qui a l air préservée et ou nous n avons fait que passer. Malgré la rapidité, ça n a pas empeché des gosses de nous réclamer de l argent, ce qui devient de plus en plus fréquent, meme quand les familles ne sont visiblement pas dans le besoin. Il y a seulement 2 ans, cela aurait été impensable. Habituellement, dans les coins ou les touristes sont exceptionnels, un ou deux gosses viennent pour que je les prenne en photo, bientot suivis par toute une bande. Au bout d un moment, des ados virent les gamins pour prendre leur place. Ils sont rapidement éjectés par les hommes qui veulent etre sur la photo. Bien sur, eux-memes sont dégagés illico par les grand-peres…
L’entrée est repoussée a 14 h pour une raison inconnue, mais une fois a l’intérieur, on a l’heureuse surprise de retrouver le bestiaire fantastique que nous poursuivons depuis 2 ans et demi dans tous les coins du Kurdistan turc : paons, dragons, gazelles… 6 pellicules.
Si dans la suite du parcours on tombe encore 2 fois sur ce genre de découverte, je risque d’etre a court avant la fin, malgré la provision initiale de 85 films ! Le plus problematique c’est la chaleur : je passe mon temps a essayer de protéger les pellicules et les appareils en espérant éviter les déteriorations. C’est d’ailleurs raté pour le flash dont la griffe de contact s’est cassée sans explication logique, malgré les 2 heures d’entretien journalieres.
A l’hôtel, j’ai acheté un collier fait de petites pierres de couleur mêlées à des grains de métal et de bimbeloteries, et qui se termine par un gros coeur rouge. Le nom de ces petites pierres, morîk, m’a fait souvenir de ce passage de Mem et Zin où Amedê Xani apelle ainsi les dialectes et chansons du Botan. C’est sans doute pour cela qu’il m’a plu, ou bien pour ce coeur rouge enchâssé dans du métal – je deviens un peu Kurde dans mes goûts. Pour le moment il remplace en porte-chance – fortune de voyage- le tesbih que j’ai cassé.
Sculptés dans la pierre des murs, au-dessus des porches, sur le bois des portes et même des bancs, il y a tous les motifs de l’art de la Jezireh : dragons affrontés autour d’un vase de vie, oiseaux et quadrupèdes dans les jardins de paradis, les mêmes entrelacs végétaux qu’à Erzurum ou Divrigi… que cet art, strictement le même, figure dans les monastères de Haute-Mésopotamie montre bien qu’il s’agit là d’une même source et que les architectes et artisans, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, travaillaient bien côte à côte et pour tous. Ce qui remonte aux liens qui pouvaient exister dans la même région entre chrétiens, soufis et chiites puisqu’ils utilisent les mêmes symboles malgré leur différence de cultes.